En avril, quand certains plantent oseille, rhubarbe, ou fraisiers, d’autres enterrent leur slip !

Cette initiative culottée arrive du Canada, elle permet d’évaluer la qualité biologique des sols. Un slip plutôt qu’un mouchoir, car les élastiques permettront en cas de forte dégradation de repérer ce qui reste du tissu. Placé à 15cm de profondeur au 15 avril, le sous-vêtement 100% coton est récupéré 2 mois plus tard. Peu coûteux et facilement reproductibles, ces tests ont notamment été réalisés par la chambre d’agriculture du Tarn, au sein du réseau Dephy, mais également dans la Marne, en Bourgogne ou encore en Bretagne. L’interprétation est simple : plus le slip est décomposé, plus le terrain est fertile. Des études ludiques, aux vertus pédagogiques, mais qui donnent des résultats sérieux.

Si vous souhaitez tenter l’expérience, voici un petit tuto :

Bien sûr, les bureaux d’études certifiés LNE en sites et sols pollués, comme Teréo, ne proposent pas cette prestation ! Par contre, si cette méthode de diagnostic de la qualité des sols n’est pas répertoriée dans le guide de gestion des sols polluées, ni détaillée dans la norme NFX 31620, le recours aux bio-indicateurs constitue réellement un outil pertinent et complémentaire aux analyses physico-chimiques. Il permet d’évaluer les transferts et les effets des contaminants vers les chaînes trophiques terrestres, et l’état écologique des sols. Depuis 2004, l’ADEME a lancé un programme afin d’identifier des bio-indicateurs efficients et de valider des protocoles de mise en œuvre. Ces nouveaux outils ont fait en 2017 l’objet d’un ouvrage téléchargeable en ligne (« Les bio-indicateurs de l’état des sols. Principes et exemples d’utilisation »).

Sur le site Infoterre du BRGM, ou sur le site Ecobiosoil sont présentées 18 fiches outils à destination des bureaux d’études, des collectivités ou des aménageurs en situation de gestion de sites pollués, afin de faire évoluer les pratiques dans les domaines du diagnostic.

Il existe deux types d’indicateurs biologiques des sols : les indicateurs d’accumulation et les indicateurs d’effets ou d’impacts. Les premiers sont des organismes qui accumulent les substances présentes dans leur environnement et permettent d’évaluer leur exposition : l’indice CMT végétaux par exemple. Celui-ci renseigne sur les transferts effectifs des contaminants métalliques à l’échelle de la communauté végétale de la zone d’étude. Le calcul s’effectue entre les prélèvements composites des végétaux du site contaminé et des échantillons témoins, caractéristiques de sites non contaminés (valeurs disponibles dans la base de données «Bio-indicateurs»). Autre méthode : l’indice SET-Escargots. C’est un indicateur de la zoodisponibilité des contaminants métalliques des sols. On dispose 15 escargots d’origine et d’âge connus par cage sur le terrain à diagnostiquer, puis on analyse après 28 jours d’exposition les concentrations en métaux accumulées.

Pour les bio-indicateurs d’impacts qui caractérisent les effets d’une exposition : modifications cellulaires, morphologiques, métaboliques, comportementales…, on peut citer entre autres, l’indice nématodes. Ces vers d’1 mm de longueur environ, sont sensibles aux conditions du milieu et aux perturbations physiques ou chimiques. Les organismes sont extraits du sol, dénombrés et identifiés afin d’obtenir un tableau d’abondances, et de caractériser un indice de structure du sol (SI). Si cet indice est supérieur à 50, l’état du sol est jugé satisfaisant. En dessous de 20, des mesures de gestion du site sont à prévoir.

Les vers de terre peuvent être également utilisés, ou encore, la teneur en oméga 3 des végétaux.

Contrairement au test du slip, ces différents marqueurs sont proposés dans la méthodologie française de gestion des sites et sols (potentiellement) pollués. Ces outils biologiques sont également intégrés dans l’approche TRIADE normalisée à l’ISO (ISO/FDIS 19204). Complémentaires des analyses physicochimiques, ces éléments d’interprétation de la qualité des milieux ont démontré leur pertinence sur de nombreux sites pilotes, et leur intérêt dans la gestion des sols pollués.