Carte des dépôts sauvages réalisée grâce à l’enquête participative #Alerte Pollution.
Le 25 mars, France 2 a diffusé un numéro de « Complément d’enquête », sur le phénomène des décharges sauvages illégales qui met en lumière nombre d’infractions et la complexité du problème.
Cette problématique a déjà été en 2019 le sujet d’une étude de l’ADEME qui l’avait étendue aux dépôts sauvages, et aux dépôts contraires au règlement de collecte.
Cette étude a donné lieu à la publication d’un ouvrage disponible en ligne (Caractérisation de la problématique des déchets sauvages – ADEME) qui propose des éléments pour comprendre la formation de ces dépôts, et des retours d’expériences sur les pratiques de leur gestion (prévention, identification et suivi, actions curatives, sanctions et coûts).
L’ADEME relève qu’aucun état des lieux exhaustif de la situation des dépôts sauvages (quantités et nature des dépôts) n’existe à l’échelle nationale.
Des initiatives de recensement ont cependant été lancées. France TV Info a notamment recueilli dans le cadre de l’opération #Alerte Pollution démarrée en 2018 dans le cadre de la COP 24, plus de 850 signalements de décharges sauvages sur toute la France. Une carte de localisation a ainsi été réalisée.
Sur son site, « Stop décharges sauvages » propose également une cartographie des décharges à ciel ouvert en France. On peut aussi citer l’association Robin des Bois.
Gravats, plaque d’amiante, pneus, électroménager… si l’impact visuel est immédiat, les déchets abandonnés dans la nature sont également une source de pollution pour les sols et les nappes phréatiques.
C’est le cas à Carrières-sous-Poissy (Yvelines). En septembre 2020, le maire a déposé plainte contre X pour « mise en danger de la vie d’autrui et atteinte à l’environnement ». Pendant un siècle, la ville a servi d’égout géant à Paris, occasionnant une pollution aux métaux lourds, notamment plomb, mercure et arsenic. Deux cas de saturnisme ont été relevés sur la commune par Santé Publique France. Les études sanitaires ont mis en évidence « la présence de risques sanitaires inacceptables ».
Outre le risque environnemental avec la contamination des sols, des eaux superficielles et souterraines, la problématique des déchets induit une vraie difficulté pour l’aménagement des territoires. D’autre part, les parcelles concernées sont loin d’avoir été toutes répertoriées dans les Secteurs d’Information sur les Sols (SIS) qui s’intéressent surtout aux zones industrielles.
Les impacts de la découverte de déchets enfouis lors d’opérations immobilières ont d’ailleurs été l’objet de plusieurs missions de Renaud Chapuis, gérant de la société Teréo, en tant qu’expert judiciaire spécialisé en sites et sols pollués. Quant à la société Teréo, elle peut intervenir de la caractérisation à la gestion de la réhabilitation des terrains ainsi pollués.
Les conséquences, notamment financières, des dépôts sauvages peuvent être importantes. Dans son rapport, l’ADEME d’après son enquête auprès des collectivités locales sur lesquelles reposent principalement les coûts de traitement des déposantes illicites, indique un budget annuel moyen de plus de 59 000 €. Ramenés à la population, ces coûts s’élèvent en moyenne à 5 €/hab./an. Ramenés au tonnage de déchets collectés, le coût moyen est de 900 €/tonne, voire supérieur à 1000 €/tonne, pour des déchets particuliers. Pour comparaison, les coûts de gestion classiques sont de l’ordre de 150 à 200 €/tonne pour la collecte et le traitement.
Les amendes encourues, de 75 euros à 75 000 euros et une peine de 2 ans de prison pour les déchets professionnels, ne parviennent pas à endiguer le phénomène. L’étude de l’ADEME présente cependant plusieurs pistes de solutions.
Pour sa part, le citoyen peut participer aux enquêtes participatives de recensement des points noirs, et rejoindre les nombreuses journées de collecte telles celles organisées régulièrement par la Surfrider foundation.